La vie l'auberge

Après avoir fait la chambre, Kiki redenscendit pour reprendre son poste de tavernier.

En descendant les marches une par une, il regarda Sultana parlant au druide. Il ne comptait plus les jours ou la jeune elfe noire, aux cheveux blancs comme la neige, n'avait plus dormi depuis le départ de Mornmegil, il y a tellement longtemps. Elle seule prenait en charge l'arrivée des étrangers, ce caracteriel Bourcedaur qui ralait tous les jours pour les fournisseurs en retard ou le peu de client ou encore les ouvriers qui montaient le village tout en lui demandant de prendre des décisions qui la dépassait. Elle était épuisée mais gardait toujours le sourire. C'était LEUR projet et ça lui tenait tellement à coeur qu'ils réussissent. Cependant, il lui faudrait bientôt un assistant si le retour de Mornmegil se faisait encore attendre.

Kiki arriva devant la table de la nouvelle petite elfe noire. Elle était entrain de siroter l'hydromel que Kiki lui avait servit peu de temps avant.

"Chambre à vous prête ! Moi espère bien pour vous ! Vous vouloir quelque chose manger ?"

Il lui tendit une planche en bois sur laquelle était apposée un parchemin nommé "Meunu". Il était écrit très maladroitement et bourré de fautes.

Kiki, en voyant la tête étonnée de la jeune elfe noire, rougit

"Moi pas savoir écrire bien. Sultana fera menu, mais quand aura le temps. Si vous pas comprendre demander moi !"

Il attendit ainsi la réponse de sa nouvelle cliente.

Rash' entrouvrit délicatement la porte, et jeta un oeil dans ce qui semblait être une halte pour voyageur.
A travers la fine ouverture, il sentit se répandre l'odeur de la nourriture dans tout son large museau.
Ouvrant la porte, il pénétra dans l'auberge, la bouche ouverte à moitié, s'enivrant des effluves de la viande rotie.

Son poil sale indiquait des jours de marche, et il sentait le chien mouillé. Sa majestueuse stature de Kurashasa entrait en parfait contraste avec son allure pitoyable. Un grand arc était solidement attaché par un système de crampon métallique dans son dos, et un carquois vide pendait sur son flan.
Son cou se cachait derrière une grande écharpe d'un rouge cramoisi, sur lequel deux masques d'or étaient brodés.

D'un hochement de tête amical, il salua les personnes présentes, et se tourna immédiatement vers l'aubergiste.

"Hola Tavernier ! Hola Saï Ogre !
Que diriez vous de quelques menues piècettes en échange de quelques plaisirs gustatifs"

Tournant le dos à tout le monde, il regardait le gigantesque aubergiste d'un oeil chaleureux, un sourire jovial aux lèvres.

"Désolée elfe jolie. Moi voir autre client quand vous choisir vous vouloir !"

Kiki se dirigea vers cette étrange individu :un Kurashasa. C'était la première fois qu'il voyait un être de cette "race" et il était plus qu'impressionné par cette stature si imposante et majestueuse à la fois.

"Lut' ! Moi Kiki ! Moi servir toi ! Toi savoir quoi vouloir ?" lui dit il en lui tendant aussi un menu écrit à la main et plein de fautes avant de rajouter "Moi préparer chambre pour toi pendant toi manger ?

Rash' se tâta la barbichette en gromellant. Il regarda l'ogre, regarda la carte, puis tendit la carte à l'aubergiste.

"Grmbl... Saï Aubergiste, par pitié, donnez moi donc vos meilleurs mets."

Tout cela suivit, comme à son habitude, d'un large sourire témoignant de sa grande "générosité" et de sa "gentilesse".

Rash' se retourna, dos au comptoir, l'air neutre, et sorti une vieille pipe terne. Son tabac était parfumé et subtil, certes. Mais...

Il se tourna vers les voyageurs, et prononça les phrases symbolique du félin mal en place.

"Dites...Quelqu'un aurait du feu ?"

Son desarroi était absolu. Faim, fumer. Et en plus cette satanée mer qui était pas à deux pattes d'içi.

"Moi avoir feu, mais moi demander vous de pas fumer dedans l'auberge. Moi apporter votre repas d'ici quelques instants"

Il repris la carte en main et se dirigea d'un pas rapide vers la cuisine pour combler son hôte.

Le cadet des Akunis ecarquilla les yeux. Comment une si frêle donzelle pouvait connaître son prénom. Il la dévisagea de haut en bas, avec vue plongeante sur la poitrine, comme tout les mâles - qu'ils soient Kurashasa ou non - savent le faire : sans aucune discretion.

L'air troublé, Rash' toussa deux trois fois histoire de s'éclaircir la voix, et la fixa dans les yeux.

"Euh...Oui, oui volontier oui. Mais je suis éreinté, et cette pipe revigorante devrait me remettre sur pieds. Je vous rejoins d'içi peu de temps."

Il salua la Sombre d'un sourire charmeur - si l'on peut considérer une vue sur des crocs tranchants comme attirante -, alluma sa pipe d'une boufée grâce à une bougie environnante - ou à défaut la braise de la cheminée - et sorti à toute allure pour ne pas se faire attraper par l'Ogre-Barman-Aubergiste-Tavernier qui malgré sa richesse de vocabulaire semblait quelque peu vindicatif.

Dès qu'il fut sur le porche, il se mis assis sur le sol et médita en pensant à la Mascarade Rouge qu'il avait laissé entre les mains de ses amis.

Des gouttes de pluie tombaient encore et encore sur Layron de ses long cheveux en bataille ce qui laissé penser au occupants de l'auberge une certaine inquiétude de part également la fatigue qui émanait de l'enveloppe corporel du druide.
Tout le monde pensa alors que cet homme venait de loin...de très loin.

L'orage qui s'abattait en dehors se faisait de plus en plus sentir.
Les coups de tonnerre plus fréquents que jamais s'abattaient sur la région de Telon dans un craquement assourdissant comme une armée de démon assoifée de sang signalant le début d'une guerre sanglante...

Layron pensa alors au calvaire de la faune alentours en priant les dieux qu'ils étaient à l'abri.

Puis le maître des animaux leva la tête. Il fixa pour un temps Rashkashan Akuni parlant à l'aubergiste, le meunu comme il l'intitule à la main.

"Hum un Kurashasa...une race plutôt rare dans ses environs. pensa t-il

Layron tourna ensuite le ragard à l'opposé de sa direction initiale et aperçut une elf noir s'avançant vers lui à la chevelure aussi blanche qu'un tigre des neiges.

Le druide de sa nature méfiante laissé paraître déjà son caractére réservé mais nullement sans grande conviction du monde qui l'entoure et de la beauté de Telon malgré ce temps orageux.

La discussion commença par les présentation de rigueur où le druide répondit de façon calme et posé le tout embalé d'une voix roque.

"Je vous remercie de bon coeur Sultana de votre générosité....kiki c'est bien cela? c'est original" dit-il d'un ton animé.

"Moi dire responsables que vous vouloir faire parti notre. Moi propose vous installer chambre. Vous etre aviser quand responsable voir vous. Moi amener hydromel."

L'ogre s'en alla d'un pas lourd en direction du bar pour préparer les commandes.

La nuit orageuse ne laissait rien voir autour du village. un brouillard épais créait des formes indescriptible dans les bois.

Approchant de l'auberge, un être, recouvert d'un long manteau, transportait un énorme sac.

Il s'arrêta près du Kurashasa fumant sa pipe. Des lueurs rouges sang apparaissaient sous son capuchon.

Il ouvrit la porte et entra. Marchant doucement, son pas était léger mais laissait entendre son armure lourde.

Il posa son sac sur le coté du comptoir.

"Voilas pour toi kiki, quelques morceaux de viande d'animaux ou monstres que j'ai croisé pendant ma ballade.
Je vois qu'il y a du monde aujourd'hui. Bien, nous verrons ce que tout ca donnera."

L'être enleva son capuchon et laissa entrevoir une longue chevelure blanche. il prit le verre que kiki lui avait posé et regarda le monde qui était la sans dire un mot.

Sultana fut soulager de voir son frère de sang apparaitre dans l'auberge alors qu'elle ne l'attendait même plus. Elle se dirigea vers lui

"Je suis contente de te revoir parmis nous, je vais pouvoir aller me reposer un peu. Kiki nous a préparé des chambres."

Elle le regardait avec des yeux brillants d'admiration

"Le voyage n'a pas été trop long, ni trop dur ?"

Rashkashan tappa la douille de sa petite pipe en bronze contre la pierre pour la vider, la cura avec l'extensile approprié, puis la rangea d'un geste maniaque. Il entra dans l'auberge, directement les yeux rivés sur le comptoir pour vérifier si son "bourre panse" était prêt.

Il semblait être pensif, la gueule semie ouverte.

"La ballade m'a conduit dans des marais. J'y ai trouvé quelques salamandres un peu collantes et des ruines en partie englouti. il y avait une secte d'humains qui n'ont pas aimé ma visite.

Après une petite discussion agitée j'ai pu entrer dedans. d'ailleurs je t'ai ramené un baton d'un sorcier qui n'appreciait pas que je visite. J'ai aussi croisé un troll qui gardait un coffre. Il y avait des marchandises variées mais peu de valeur, juste un sac de pièces d'or.

je suis un peu décu par cette secte. J'en attendais un peu plus mais bon je me suis bien dégourdi les membres et mon épée a apprecié leur sang.

Je vois par contre que les travaux du village se passent bien et que du monde commence à venir ici. Il va falloir voir nos artisans pour leur mettre en place des étalages, on devrait pouvoir faire des affaires.

Je mange un morceau et j'irai dormir ensuite tu me diras si ce baton vallait quelque chose."

Mornmegil prend un morceau de viande que Kiki lui avait posé et s'installe à une table encore vide.

"Merci pour le baton !" dit Sultana avec un sourire en coin en voyant Mornmegil s'éloigner avec son repas.

"Je vais le ranger avec les 17 autres que tu m'as déjà ramené" pensa t'elle un peu énervée avant de rajouter "je l'avais déjà en plus celui là !"

"Bonne soirée Kiki, je te dis à demain !" Elle mit son long manteau noir et sortit de l'auberge pour aller se reposer chez elle.

Après un repos bien mérité, Sultana entra de nouveau à l'auberge. Elle se dépêcha d'enlever son long manteau et de l'accrocher au mur, avant de rejoindre Kiki au comptoir.

"Brrrrr ! Cette pluie ne finira t'elle jamais de tomber ? Les travaux commencent à prendre du retard." lui dit-elle.

"Toujours être comme ça ! Quand toi pas vouloir pleuvoir, pleuvoir !" dit il en hurlant presque et en faisant des grands gestes avec ses bras.

"Hummmm ! Ne sentirais-je pas ce que je ne devrais pas sentir mon cher Kiki ?"

"Toi avoir né fin ! Moi avoir fait buffle avec pommes de terre fines herbes"

Sultana le regarda alors avec des yeux brillants, comme des émeraudes, de gourmandise.

"Moi comprendre ! Moi apporter ça toi !"

"Merci à toi Kiki" lui répondit-elle.

En attendant que Kiki revienne de la cuisine avec une assiette, Sultana regarda, dans son ensemble, la salle de l'auberge. Les mêmes personnes qu'au moment de son départ sauf ... cet elfe noir. C'est bizarre, mais Sultana avait l'impression que son visage lui était familié.

"Pour toi !"

Sultana sortit de ses pensées "Merci Kiki ! Je vais de ce pas gouter a ce plat." Elle prit l'assiette et se dirigea vers la table de ce nouvel arrivant.

"Bonsoir, puis-je m'asseoir avec vous ?"

"ANNAZAR" cria t'elle sur un ton joyeux "Je suis heureuse de vous trouver en ces lieux !"

Elle prit la chaise et s'assit pour commencer à déguster le bon plat de Kiki. La première bouchée machée et engloutie au fin fond de son estomac, elle regarda Annazar

"Je me doute bien qu'ici ce trouve de superbes et fidèles "recrues", nous attendons juste qu'elles demandent à faire parti de notre Confrérie" dit elle en lui faisant un clin d'oeil.

Elle repris une fourchette de pomme de terre et la mangea avant de rajouter "Et vous mon ami, qu'avez vous à me raconter. Cela fait déjà un petit moment que nous nous ne sommes vu !"

Annazaar fit delicatement tournoyer le vin dans sa coupe,tout en la regardant d'un air pensif comme plongé dans ses songes.

- "Oui,depuis bien trop longtemps...Comme vous me l'avait conseillé,j'ai parcouru tout Telon à la recherche d'une personne qui pourrait m'aider à résoudre mon problème." Il se mit à chuchoter. " Au sujet de Gorock et de mon "instabilité mentale".Il reprit son intonation de voix normale.
- "Hélas sans un grand succés... Même si j'ai appris à controler en parti et à vivre avec, rien n'est réellement résolu.Mais comme vous pouvez le voir,je réponds présent maintenant".Dit-il en souriant.

Sultana regarda Annazaar les yeux brillants de joie de revoir cet être dans son ... euh ... dans l'auberge à Kiki.

Elle ne le trouvait pas du tout instable et adorait entendre ses récits. Elle, qui avait si peu voyagé, avait l'impression d'y être quand Annazaar lui racontait ses péripéties et les magnifiques lieux dans lesquels il était allé.

"Racontez moi tout ce que vous avez fait ! C'est tellement passionnant !"

Elle s'installa plus confortablement pour écouter les récits d'Annazaar, sans oublier de continuer à manger le plat que Kiki lui avait fait.

- J'ai rencontré bien des choses étranges durant mon voyage mais l'une d'elle m'a particulièrement touché. C'était l'hiver dernier, j'avais élu domicile durant un certain temps dans les ruines d'une ancienne ville portuaire en Azènor, à la pointe sud du royaume de Telon. Cette région regorge de composants dont j’ai besoin pour effectuer quelques-uns de mes sorts, et de plus le site est enchanteur. J’appréciais à me lever avant le coucher du soleil pour le contempler. Je m’installais aux abords de la falaise qui donnait en aspic sur la mer. Le ressac des vagues me délectait de son bruit tonitruant. Le vent me fouettait le visage revigorant ainsi mes sens avant mes escapades nocturnes dans les bois qui bordaient les ruines, où j‘avais pris l‘habitude d’y chasser la nuit. J’attendais là, tel une statue, que le soleil disparaisse de l’horizon. Je ne peux vous expliquer le bien que cela me procurait : une douleur intense et si douce à la fois…

- Je me souviens tout particulièrement d’une nuit où la lune était pleine. Elle lançait sa pale lueur morbide sur la neige qui la reflétait, ce qui donnait un coté mystique à cette forêt. J’avais chassé toute la nuit, sans grands résultats d’ailleurs, quand j’entendis un hurlement de loup déchirant la nuit. Je pris les précautions nécessaires en me remémorant les sorts les plus adéquates pour me défendre contre une attaque de ce genre. Le hurlement redoubla de puissance et je me surpris à me diriger à sa rencontre. Ne dit-on pas qu’il faut braver le danger au lieu d’être surpris par lui ??

Annazaar bu une gorgée de vin avant de continuer son récit.

- Pourtant un étonnant spectacle m’y attendait : Un énorme loup au pelage blanc était assis auprès du corps d’un de ses congénères et hurlait à la mort. Je pouvais discerner un mélange de peur et de rage presque palpable dans son aura, et j’en compris vite la cause en apercevant quatre loups se faufiler entre les arbres et petit à petit l’encercler. J’eus un moment d’hésitation avant de prendre part au futur combat qui s’annonçait. J’attendis le moment pour agir…

- Quand les loups entreprirent de bondir sur leur adversaire isolé, j’invoquai un mur de glace entre eux pour stopper leurs élans. L’un d’eux n’eut pas les réflexes nécessaires pour éviter l’amas de glace qui venait d’apparaître devant lui, et il vint s’écraser la mâchoire sur celui-ci. Deux d’entre eux, après m’avoir repairé, se ruèrent sur moi mais ce laps de temps fut assez long pour que je puisse lancer de nouveau un sort qui leurs gela les membres inférieurs. Fort heureusement pour moi, ces quelques blessures dissuadèrent la meute de continuer leur assaut et tous s’enfuirent dans la nuit sans demander leurs restes…

- Je retournais mon attention sur ce fameux loup blanc : celui-ci était encore craintif, ne sachant pas réellement mes intentions à son égard. Après quelques instants à le regarder, je pris la décision de le laisser derrière moi pleurer son mort, d’autant plus que l’aube commençait à poindre.

Annazaar prit une courte pause.

- Je ne sais pas si mon imagination m’a joué des tours ou si le soleil, reflété par la neige, a altéré ma perception mais, quand je me suis retournais afin de lui faire un dernier adieu, j’ai vu à la place un homme totalement nu portant une femme dans ses bras, s’enfonçant dans la forêt…

Pendant qu'Annazaar racontait ses récits, Sultana continuait à manger le plat de Kiki, mais plus maladroitement car elle était subjuguée par les récits de son interlocuteur.

"Les avez vous suivit ?" demanda t'elle d'un air très curieux.

- Non hélas,j'ai cru à une nouvelle allucination de la part de mon esprit qu'a la réalité que m'offrait mes yeux. dit-il d'un air déçu.

- Mais deux jours aprés, à mon réveil, j'ai retrouvé quelques victuailles posés prés de ma couche.J'ai prit donc soin de retrouver leurs traces : sans succés car la neige tombée entre temps avait tout recouvert et mes qualités médiocres en pistage ne m'ont pas aidé. Plusieurs semaines de chasse plus tard, j'ai réussi à trouver une tombe "improvisé" faite de pierres et de branchages.Il était inscrit une phrase dont je n'est reconnu l'écriture...

"Oh ! Quel dommage !" Elle avait une mine toute triste à ces révélations.

Kiki arriva alors et s'adressa à Sultana

"Toi être demandé ! Corbeau être venu chercher toi !" Lui dit-il en montrant le corbeau sur le rebord de la fenêtre.

"Ah ... Veuillez m'excusez cher Annazaar. Je dois vous laisser"

Elle se leva et repoussa sa chaise contre la table.

"Si vous le souhaitez, Kiki vous préparera une chambre. Vous pouvez séjourner chez nous autant de temps que vous le souhaitez." Il y eu un petit silence avant qu'elle ne rajoute "ou si vous souhaitez rester avec nous définitivement" tout en faisant un clin d'oeil.

Elle se dirigea vers le crochet ou était suspendu son long manteau, le mit et regarda par la fenêtre. Elle n'avait pas besoin de mettre son capuchon, la pluie s'étant arrêtée de tomber.

Elle alla quitter, une fois de plus l'auberge, pour aller vers ses responsabilités.